Le Syndrome Malin des Neuroleptiques constitue un effet secondaire rare (entre 1cas/1000 et 1 cas /10 000) mais grave des neuroleptiques.
Il est possible avec tous les neuroleptiques, même les plus récents, même les neuroleptiques « cachés » (Primpéran (Métoclopramide),…). Il semble plus fréquent avec les formes retard. Il peut exister aussi avec d’autres médicaments dont des antidépresseurs (IRS, Venlafaxine) : voir plus bas.
Le Syndrome Malin des Neuroleptiques se caractérise par des symptômes qui s’installent progressivement en quelques jours :
- Fièvre précoce (premier signe à apparaître), souvent élevée (41°c), peu sensible aux antipyrétiques habituels
- Associée à :
- Syndrome extrapyramidal (réduction des mouvements, raideur musculaire)
- Douleurs musculaires et raideur musculaire ; Élévation des taux sériques de créatine phosphokinase
- Troubles dysautonomiques : sueurs, nausées, vomissements, instabilité de la pression artérielle, troubles du rythme cardiaque, incontinence
Il peut exister une augmentation des taux sanguins de globules blancs
Il n’est pas lié à un surdosage. Il se produit à des posologies thérapeutiques.
Il n’est pas lié à l’ancienneté du traitement, au contraire il apparaît le plus souvent dans les jours qui suivent l’introduction du traitement ou dans les deux premières semaines.
Il peut être favorisé par l’injection du neuroleptique, surtout un neuroleptique « incisif » (particulièrement efficace sur le délire), une maladie neurologique sous-jacente (Parkinson, démence,…), la déshydratation, l’agitation. Il n’a pas été identifié de cause génétique.
Lorsque l’arrêt du neuroleptique est rapide, l’évolution est favorable en 7 à 10 jours. Dans le cas contraire, la situation s’aggrave et dans environ 5% des cas l’issue est mortelle (par fausses routes, insuffisance rénale aigüe par rhabdomyolyse, coagulations intravasculaires disséminées, insuffisances d’organes multiples, cardiomyopathies).
Ces symptômes seraient liés à un blocage important des récepteurs dopaminergiques et à une toxicité musculaire du neuroleptique.
Le syndrome malin des neuroleptiques peut être déclenché par tous les médicaments qui interfèrent avec la neurotransmission dopaminergique :
- les neuroleptiques, par leur effet antidopaminergique ;
- des antidépresseurs : imipraminiques tels que l’amitriptyline (Laroxyl), inhibiteurs dits sélectifs de la recapture de la sérotonine tels que la fluoxétine, inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline tels que la venlafaxine
- les substances dopaminergiques, lorsqu’elles sont arrêtées ou leur dose diminuée : antiparkinsoniens tels que la lévodopa ou le ropinirole.
L’évolution peut être mortelle dans 10 à 20 % des cas, notamment par fausses routes lors de la déglutition.
Dès qu’apparaissent fièvre élevée + rigidité musculaire généralisée chez un(e) patient(e) prenant un neuroleptique, il faut arrêter le neuroleptique et consulter un médecin.
Le Syndrome Malin des Neuroleptiques doit être différencié de :
- Une infection
- Un coup de chaleur
- Le Syndrome Sérotoninergique, mais à l’inverse du Syndrome Malin des Neuroleptiques est de survenue rapide, ne comporte pas de rigidité musculaire mais une hyperactivité et une hyperréflexivité, ne comporte pas d’incontinence et de dysphagie
Il est possible de réintroduire un neuroleptique après un épisode de Syndrome Malin des Neuroleptiques, en prenant les précautions suivantes :
- Respecter un délai d’au moins 15 jours
- Bien hydrater le patient
- Limiter l’agitation er l’hyperréactivité (prescription de Benzodiazépines)
- Prescrire un neuroleptique de classe différente, par voie orale et en augmentant progressivement les doses
- Exclure les formes retard et les neuroleptiques incisifs
- Ne pas associer au Lithium
Sources :
Tan CM, Kumachev A. Syndrome malin des neuroleptiques. CMAJ. 2024 Feb 25;196(7):E243-E244. French. doi: 10.1503/cmaj.221763-f.
Prescrire, octobre 2024, p.756