N-Acéthyl-Cystéine (NAC)

 

La N-Acéthyl-Cystéine est un acide aminé (la cystéine), acéthylée (associée à un groupement CH3CO).

Contrairement à la cystéine seule qui est peu soluble, peu bio-disponible et toxique à hautes doses, la NAC diffuse bien dans les cellules, franchit la barrière qui protège le cerveau (barrière hémato-encéphalique) et n’est pas toxique avant des doses extrêmement élevées, bien au-delà des doses thérapeutiques.

La NAC a plusieurs propriétés :

– Elle peut casser les biofilms.

→ Pour cette raison elle était utilisée comme fluidifiant bronchique (« mucolytique » ; p.ex : Mucomyst, Mucomystendo, Mucodrill (600mg, cp effervescent), Fluimucil, Exomuc (contient de l’Aspartam)).

→ Elle est également utilisée dans le traitement de la prolifération bactérienne du grêle (Small Intestin Bacterial Overgroth) et de la dysbiose, car elle permet de briser les liaisons des biofilms bactériens et facilite ainsi l’élimination des bactéries et l’action des anti-bactériens (antibiotiques ou EPP,…)

– Elle est le précurseur du Gluthation, principal anti-oxydant, présent dans toutes nos cellules. Le rôle des anti-oxydant est de neutraliser les « radicaux libres » (RL), alias « Reactive Oxygen Species » (ROS) en anglais, molécules qui ont perdu un électron et cherchent à le retrouver en l’arrachant à d’autres molécules, ce qui altère ces molécules. Toute utilisation d’oxygène, comme la respiration cellulaire, produit des RL. Pour protéger nos cellules, il est indispensable d’avoir des molécules qui les neutralisent. Le Gluthation est la principale d’entre elles. Il est composé de trois acides aminés Cystéine-Glutamate-Glycine. La cystéine est la facteur limitant de la synthèse du Gluthation. La NAC apporte de la cystéine.

Ces propriétés anti-oxydantes ont plusieurs applications :

→ Traitement de l’intoxication au Paracétamol. Le Paracétamol se transforme en deux molécules dont l’une est toxique pour le foie, en se comportant comme un RL. Il est neutralisé par le Gluthation mais lorsque le stock hépatique de Gluthation est épuisé, en cas de surdosage de Paracétamol, cette molécule détruit le foie. Apporter de la NAC permet au foie de synthétiser à nouveau du Gluthation et d’éviter ces effets déstructeurs.

→ Atténuation des effets de certaines chimiothérapies (comme le cisplatine) qui produisent des RL.

→ Neuroprotection (nombre de troubles neurologiques et psychiatriques sont liés au stress oxydatif lié aux RL)

– La NAC a, également, un effet anti-inflammatoire (et apporte une deuxième dimension neuro-protectrice, l’inflammation étant impliquée dans la dégénérescence neuronale).

– La NAC diminue la libération de Glutamate entre les neurones. Le Glutamate est un neuro-médiateur excitateur. Dans le cerveau, la NAC pénètre, notamment, dans les cellules « gliales » qui assurent le soutient logistique des neurones. Elles y libèrent la Cystéine qui se transforme en Cystine. Ce stimuli induit la cellule gliale à libérer une molécule de Glutamate près du neurone en amont de la synapse. En quelque sorte, cette libération de Glutamate donne « l’impression » au neurone amont qu’il y a beaucoup de glutamate dans la fente synaptique (espace entre le neurone amont et aval). Il inhibe alors sa libération de Glutamate et le neurone aval n’est pas soumis à ce neuro-médiateur excitateur.

→ La NAC se révèle efficace dans les addictions, notamment à la cocaïne mais aussi au cannabis et à l’alcool. Les addictions sur-stimulent, en effet, la libération de Glutamate, ce qui entraîne de l’inflammation et la production de RL. La NAC agit sur ces trois composantes.

Elle est utilisée habituellement à la dose de 2400mg par jour, répartie en deux ou trois fois.

Les conditions optimales d’efficacité sont : sujet jeune, maintient d’une abstention déjà réalisée, association à une psychothérapie. Cependant, elle peut également être efficace pour conduire à l’abstinence.

La prudence est requise chez les sujets asthmatiques car des cas de bronchospasme ont été décrits.

La NAC doit être évitée pendant la grossesse et l’allaitement faute de données précises de sécurité.

De rares troubles digestifs mineurs peuvent se produire mais qui n’entraînent pas l’arrêt de traitement.

→ Le stress oxydatif et l’inflammation sont impliqués dans certaines dépressions, dans le TDA/H, dans les troubles bipolaires, dans la schizophrénie, dans les TOC, dans les comportements de scarifications, dans la maladie d’Alzheimer. Elle pourrait être un adjuvant utile dans ces situations.

Étant donné les recherches déjà existantes et l’absence d’effets secondaires malgré une très large utilisation depuis plusieurs décennies, il paraît raisonnable de l’adjoindre au traitement psychotrope lorsque celui-ci est insuffisamment efficace.

Sources :

Synthèse française de Soces I et al, 2018

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