Dépressions

La Dépression caractérisée (ou Épisode Dépressif Majeur (EDM)) répond à une définition précise, selon le DSM 5.

Elle est constituée par la présence, pendant au moins deux semaines, au minimum :

    • d’une humeur dépressive (douleur morale, vide intérieur, tristesse,…)
    • ou d’un manque d’envie et de plaisir

associé à quatre autres symptômes (voir critères  DSM 5),

et entraînant une souffrance significative ou une altération du fonctionnement social.

 

Intérêts de cette définition :

Elle permet de distinguer « Dépression » (que l’on appelle « Dépression caractérisée » ou « Épisode Dépressif Majeur » (EDM)) et « Déprime », encore appelé « Syndrome dépressif ».

Dans la « Déprime » :

  • il y a moins de cinq symptômes.
  • ils ne sont pas présents pendant au moins 15 jours consécutifs sans discontinuer
  • le la patient(e) réagit positivement aux sollicitations de l’entourage : son humeur s’améliore, voire devient bonne si on l’entoure, l’emmène au restaurant,…
  • le fonctionnement social est, en général, préservé, au prix de quelques aménagements.

L’enjeu de cette distinction entre Dépression caractérisée et Déprime est fondamental.

En effet, les Dépressions caractérisées sont le plus souvent « organiques », c’est-à-dire qu’elles correspondent à des fragilités « matérielles » du cerveau, des troubles neuro-biologiques. Elles correspondent dans la majorité des cas à :

  • des Dépressions dans le cadre de la Bipolarité
  • des Dépressions « unipolaires », qui ont tendance, d’une part à récidiver sans raison extérieure proportionnée et, d’autre part à évoluer vers la Bipolarité dans 25 % des cas.

Les « Déprimes » correspondent à :

  • des Dépressions réactionnelles à un événement ponctuel (deuil, séparation, problèmes financiers,…) ou à des événements répétés, des conditions de vie éprouvantes (conjoint difficile, conditions de vie précaire, Burn-Out,…).
  • des Dépressions « névrotiques », c’est-à-dire, un mal-être profond lié à l’organisation même de la personnalité (angoisses de séparation ou d’abandon, complexe d’infériorité,…).

Il peut arriver qu’une Dépression réactionnelle ou névrotique devienne sévère. Il faut, alors, surveiller particulièrement le patient dans la durée car ceci peut indiquer une fragilité neuro-biologique chez ce, cette patient(e) et donc un risque particulier de rechuter ou d’évoluer vers la Bipolarité.

Les enjeux thérapeutiques de cette distinction entre Dépression et Déprime sont très importants puisque les traitements ne sont pas les mêmes :

→  Une Dépression caractérisée mais n’appartenant pas à la Bipolarité, doit se traiter par des antidépresseurs.

→ Une Déprime ne doit pas être traitée par antidépresseurs mais par les Mesures pour protéger le cerveau et par la psychothérapie. (Les antidépresseurs peuvent éventuellement avoir un intérêt non pour traiter la composante dépressive mais pour traiter des troubles associés comme des troubles anxieux et des TOC).

Étant donné l’importance de cette distinction, il est capital que la démarche diagnostique soit précise et systématique, soutenue par l’utilisation d’échelles pour évaluer les différents symptômes et leur intensité, afin de ne pas confondre ces différents types de Dépression (voir Évaluation de la dépression).

 

Le DSM 5 envisage, enfin, le cas des Dépressions caractérisées, d’évolution longues (plus de deux ans chez l’adulte et plus d’un an chez l’enfant), que l’on appelle Dysthymie.

Elles peuvent être difficiles à reconnaître, puisque le (la) patient(e) s’adapte à sa condition dépressive et la pathologie peut passer inaperçue. Le repérage diagnostique est fondamental puisque ces dépressions réagissent, en général, assez bien aux antidépresseurs, ce qui transforme la vie de ces personnes.

 

Piège possible de cette définition du DSM 5 :

Le critère de deux semaines peut amener à passer à côté de la Cyclothymie.Dans cette pathologie, en effet, d’authentiques dépressions peuvent ne durer que quelques heures.

Ce piège peut-être évité si l’on applique soigneusement le critère E) du DSM qui ne retient le diagnostic de Dépression caractérisée que s’il n’y a pas eu d’épisode maniaque ou hypomaniaque. Dès lors qu’il y a hypomanie et humeur dépressive, même brève, il faut penser à la Cyclothymie.

Le traitement n’est pas un antidépresseur mais un régulateur de l’humeur.

 

Liens Dépression (caractérisée) / Bipolarité

* Les personnes bipolaires passent plus de temps en dépression qu’en (hypo-)manie (et de plus en plus, à mesure qu’elles avancent en âge).

* 25% des Dépressions caractérisées évoluent vers la bipolarité. Cette probabilité est d’autant plus élevée que l’on retrouve des Éléments en faveur d’un trouble bipolaire, notamment un tempérament hyperthymique, cyclothymique ou dysthymique (dépression chronique), à l’inverse des tempéraments anxieux et phobiques (Akiskal 1995).