Constipation
La constipation est le plus souvent bénigne.
Il faut toutefois éliminer une éventuelle cause spécifique:
- hypothyroïdie
- hypercalcémie
- maladie neurologique dont maladie de Parkinson, Sclérose En Plaques
- obstruction colique (tumeur colique ou pelvienne)
- lésions anales (fissures anales, hémorroïdes)
- intoxications (plomb,..)
- botulisme
- rarement maladie cœliaque ou intolérance au lactose.
Les signes d’alerte pour rechercher ces causes sont les suivants : association avec des douleurs abdominales, perte de poids, présence de sang dans les selles, épisodes diarrhéiques, vomissements, arrêt des gaz, irritation anale,…
De nombreux médicaments causent ou aggravent une constipation :
- ceux qui ralentissent le péristalstisme intestinal : opioïdes (codéine, morphine), inhibiteurs calciques (anti-hypertenseurs), atropiniques dont les neuroleptiques, antidépresseurs, anti-parkinsoniens,…
- ceux qui altèrent l’innervation intestinale : anticancéreux, amiodarone,…
- ceux qui exposent à une obstruction des voies digestives, notamment les laxatifs de lest (Ispaghul,…)
- ceux qui diminuent l’hydratation : diurétiques
- le fer et l’aluminium (pansement gastrique) causent parfois une constipation
Les complications sont rares, mais peuvent être graves sous neuroleptiques :
- fécalome chez les personnes âgées (accumulation de matières fécales ; se traduit par inconfort ou douleurs rectales, distention et douleurs abdominales, nausées et vomissements, parfois agitation et confusion ; émissions de selles glaireuses ou liquides (fausses diarrhées)
- hémorragies hémorroïdaires
- fistules anales
- Les neuroleptiques, souvent après plusieurs mois, surtout associés à d’autres médicaments anticholinergiques (correcteurs, antidépresseurs,…) peuvent provoquer une « colite ischémique » (constipation grave + douleurs abdominales intenses, fièvre), rare (1 cas pour 2000 (1)) mais très grave, voire mortelle. Les troubles digestifs d’une personne sous neuroleptiques doivent être pris très au sérieux.
1 Gnamien S, Boutillier I, Revillon J.-J, Urbina M.-A, Entérocolites nécrosantes et neuroleptiques, Journal de Pharmacie clinique, Volume 20, numéro 2, Juin 2001
Traitement de la constipation
Prévention
- Manger des aliments riches en fibres : fruits et légumes, légumineuse, céréales complètes, noix et graines, algues
- Boire 1,5 l par jour ; éventuellement privilégier des eaux riches en magnésium
- Faire de l’exercice physique quotidiennement
- Marcher au moins 30 minutes par jour
- Répondre au besoin d’aller à la selle dès qu’il se présente
- Exonérer accroupi (mettre un tabouret sur les pieds)
- Éviter l’alcool et les boissons caféinées
- éviter, dans la mesure du possible, d’associer plusieurs médicaments constipants
- Traiter la dysbiose : voir fiches
Traitement ponctuel
1) Fibres et stimulants naturels non irritants du transit, comme :
- Pruneaux entiers ou jus de pruneaux
- Son de blé ou autres céréales riches en fibres (fibres essentiellement non hydrosolubles)
- Chardon Marie (stimule la sécrétion de bile), Artichaud (stimule l’évacuation de la bile) (p.ex Nutrixéal)
- Miel (non coupé de sirop de sucre) + noix mélangés dans un petit bol
2) Laxatifs de lest : Ispaghul (SPAGULAX,…(85% de fibres solubles))
Ils peuvent causer des douleurs abdominales, des gaz, des ballonnements, des obstructions intestinales.
Ils sont contre-indiqués en cas de fécalome, de suspicion d’obstruction intestinale, de difficultés de déglutition, de méga-côlon, de paralysie de l’intestin, de diabète.
Ils doivent être pris avec une grande quantité d’eau pour éviter une obstruction œsophagienne. Ne pas les prendre avant d’aller se coucher. Ils doivent être pris à distance des autres médicaments car ils diminuent leur absorption.
3 )Laxatifs osmotiques : Lactulose (DUPHALAC), Sorbitol, Macrogol
Ils sont contre-indiqués en cas d’obstruction intestinale et d’inflammation intestinale.
Ils donnent fréquemment des ballonnements.
L’utilisation prolongée ou à doses excessives cause des diarrhées avec pertes de potassium qui exposent à des troubles du rythme cardiaque et à des déshydratations.
Des réactions allergiques (urticaires,…) au Macrogol ont été décrites.
3) Éviter, sauf exception, les laxatifs stimulants sous forme de médicaments (p.ex Dulcolax (Bisacodyl)) ou sous forme de plantes (Bourdaine, Séné, …).
Éviter le Prucalopride (Reselor) qui a une efficacité modeste chez un patient sur six et a des effets secondaires graves (troubles cardio-vasculaires (palpitations, AVC, allongement de l’espace QT) ; dépressions et idées suicidaires ; risques tératogènes).
La paraffine, à forte dose expose à un risque d’irritation anale et de suintement. En cas de fausse route, elle expose à des pneumopathies lipidiques graves. Elle diminue l’absorption des vitamines A,D,E,K.
Les laxatifs par voie anale sont irritants.
4) Un lavement rectal à base d’eau tiède est une option.