Syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS)
Définition : arrêts involontaires de la respiration (« apnées »), de plus de 10 secondes, se produisant durant le sommeil, plus de 5 fois par heure, ou « hypopnées » (diminution de l’amplitude respiratoire) fréquentes fragmentant le sommeil.
Le SAOS est lié à un relâchement de la langue et des muscles de la gorge, qui bloquent alors le passage de l’air lors de la respiration. Il est à distinguer du Syndrome d’Apnées Centrale, par diminution de l’efficacité de la commande de la respiration au niveau cérébral, secondaire à des maladies neurologiques ou à l’insuffisance cardiaque sévère.
Le SAOS est une maladie fréquente :
- Environ 5 à 7 % de la population générale, 32 à 47 % des plus de 70 ans
- 30 % des coronariens
- 30 à 40 % des hypertendus, 90 % des patients présentant une hypertension artérielle réfractaire
- 40% des obèses (Source pour ces premiers chiffres : Rapport sur le sommeil, Ministère de la Santé et des solidarités, décembre 2006)
- 40 % des personnes ayant un syndrome d’apnées obstructif du sommeil auront un jour un diabète (Meslier N, Gagnadoux F, Giraud P, Person C, Ouksel H, Urban T, Racineux JL: Impaired glucose-insulin metabolism in males with obstructive sleep apnoea syndrome. Eur Respir J 22(1): 156-160, 2003 )
- 30 à 40% des patients déprimés souffrent aussi d’apnées du sommeil (BaHammam AS et coll. Comorbid depression in obstructive sleep apnea: an under-recognized association. Sleep and Breathing. 9 juillet 2015.)
Le SAOS est une maladie grave par ses conséquences.
le SAOS est largement sous diagnostiqué.
Facteurs de risque :
- Âge > 65 ans
- Sexe masculin (2 à 4 fois plus fréquent chez les hommes)
- Obésité
- Circonférence du cou > 43 cm chez les H et 40 chez les F
- Anomalies des voies respiratoires et des mâchoires
- Diabète de types 1 et 2
- Alcool, Tabac, médicaments myorelaxants (somnifères, anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques (Quetiapine et Clozapine surtout), anti-épileptiques, antalgiques opioïdes ;nombreux autres médicaments : AINS, Anti-Hypertenseurs, Diphosphonates, anti-TNFapha, interféron, anti-rétroviraux,…); ces médicaments peuvent aggraver, voire provoquer le syndrome d’apnées du sommeil). Il faut commencer par se poser la question d’une éventuelle origine médicamenteuse.
Signes évoquant le syndrome d’apnées du sommeil :
- Sommeil non réparateur ; fatigue au réveil ; maux de tête au réveil ; somnolence en cours de journée
- Ronflements
- Sommeil agité : changements de position fréquents ; nycturie (se lever plusieurs fois la nuit pour uriner en l’absence de problème prostatique)
- Sueurs nocturnes
- Pauses respiratoires repérées par le conjoint
- Trouble de la concentration et de la mémoire
- Irritabilité ; dépression ; baisse de la libido
Complications :
- Fatigue, maux de tête surtout matinaux, somnolence diurne (à évaluer par l’échelle d’Epworth)
- Irritabilité, troubles de la concentration et de la mémoire
- Dépression
- Hypertension artérielle(souvent résistante aux traitements),
- Baisse du « bon » cholestérol (HDL)
- Infarctus du myocarde, troubles du rythme cardiaque et insuffisance cardiaque (risque multiplié par 5) ; le risque est encore augmenté en cas de Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) associée (il est prudent de réaliser un enregistrement du sommeil chez toute personne porteuse d’une BPCO)
- Accident vasculaire cérébral
- Maladie d’Alzheimer
- Accidents, notamment du travail et de la route (1 accident de la route sur 5)
- Performance au travail diminuée
- Complications lors d’anesthésies générales
- Impuissance sexuelle
Diagnostic : évoqué par le questionnaire berlin, il est confirmé par un enregistrement du sommeil (auprès d’un neurologue ou d’un pneumologue)
Traitement :
Perdre du poids ; soigner allergies ORL ; éviter les somnifères ; arrêter le tabac et l’alcool
Reprendre une activité physique régulière
Dormir sur le côté (dégage le passage de l’air)
Selon le degré de gravité, Recommandations de l’HAS :
-
- Entre 15 et 30 apnées par heure : Orthèse d’avancement mandibulaire
- 30 apnées par heure ou plus, ou 15 à 30 apnées par heure mais avec un mauvais sommeil ou en cas de problème cardiaque (Fibrillation auriculaire, maladie coronarienne,…) : Appareil de ventilation à pression positive continue, si plus de 30 apnées par heure
NB :
- Les appareils à pression positive sont contre-indiqué en cas d’insuffisance cardiaque (car ils augmentent la mortalite (Prescrire, août 2017)).
- Selon la revue Prescrire (août 2023, p.614), les appareils à pression positive améliorent la qualité de vie liée aux perturbations du sommeil en cas de SAOS mais sans effet démontré sur la mortalité. « Autrement dit, il ne semble pas utile d’inciter les patients à poursuivre un tel traitement quand ils ne ressentent pas d’amélioration de leur qualité de vie. «