États-mixtes
La bipolarité est caractérisée par l’alternance de phases « hautes » et de phases « basses » mais elle est aussi caractérisée par le mélange d’éléments « hauts » et « bas » que l’on appelle « États-mixtes ».
Le DSM 5 définit un État-mixte comme un épisode maniaque ou dépressif avec au moins trois symptômes de l’autre polarité, pendant la majorité des jours de l’épisode, à l’exclusion de « symptômes non spécifiques » : agitation, irritabilité, distractibilité, considérés comme pouvant être, à part entière, des symptômes de dépression.
En pratique, ces trois symptômes sont très souvent présents dans les dépressions mixtes et tout à fait évocateurs de « contamination » par l’hypomanie. Leur exclusion crée de la confusion et ne permet pas de repérer convenablement les dépressions mixtes.
La façon la plus simple et efficace de comprendre les États-mixtes est de partir de ce point de repère :
Habituellement :
Dans la dépression, Pensées, Émotion et Corps sont « en bas ».
Dans la manie ou l’hypomanie, c’est l’inverse.
Dans les États-mixtes à dominante d’hypomanie : l’une des dimensions est basse alors que autres sont hautes.
Dans les États-mixtes à dominante de dépression : l’une des dimensions est haute alors que autres sont basses.
On peut, ainsi, distinguer six formes principales :
Hypomanie avec pauvreté de la pensée :
Pensées : Bas ; Émotions : Haut ; Corps : Haut
Hypomanie dépressive :
Pensées : Haut ; Émotions : Bas ; Corps : Haut
Hypomanie inhibée ou ralentie :
Pensées : Haut ; Émotions : Haut ; Corps : Bas
Dépression avec pensée abondante :
Pensées : Haut ; Émotions : Bas ; Corps : Bas
Dépression excitée :
Pensées : Bas ; Émotions : Haut ; Corps : Bas
Dépression agitée :
Pensées : Bas ; Émotions : Bas ; Corps : Haut
Les États mixtes sont fréquents dans tous les types de Troubles Bipolaires, mais peut-être plus fréquents dans la Cyclothymie.
Les États mixtes sont associés à une plus grande sévérité de la maladie, plus de pathologies associées et des rechutes plus fréquentes.
Les symptômes hypomaniaques non euphoriques (agitation, irritabilité, agressivité, impulsivité, pensée accélérée) favorisent les passages à l’acte suicidaires.
Source : Hantouche E, Soigner sa cyclothymie, Odile Jacob, Paris, 2009